- coquecigrue
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• 1534; p.-ê. de coq-grue, croisé avec cigogne♦ Vx Baliverne, absurdité.⇒COQUECIGRUE, subst. fém.VieilliA.— Oiseau imaginaire, fabuleux. [Une imagination évocatrice] de monstres ou de coquecigrues (COPPÉE, Franc-parler II, 1896, p. 196).— Loc. proverbiales. À la venue des coquecigrues. Jamais. Synon. à la Saint Glin-glin. Regarder voler des coquecigrues (cf. B 1). Parler, raisonner comme une coquecigrue (cf. B 2 p. méton.).Rem. On trouve parfois l'intensif coquecigrue de mer.B.— Au fig. :1. Fantasme, illusion. S'arracher aux coquecigrues d'un demi-sommeil (LORRAIN, Heures Corse, 1905, p. 12).♦ Regarder voler des coquecigrues. Se faire des illusions, s'occuper de choses chimériques.2. Spéc. Conte en l'air, baliverne, sornette, sottise. Conter, débiter des coquecigrues; se payer de coquecigrues. Les coquecigrues d'un prêtre naïf (MAURIAC, Pascal et sa sœur, 1931, p. 64). Un inventeur de coquecigrues entouré de gobe-mouches (ARNOUX, Rêverie policier, 1945, p. 167).— P. méton. Personne qui raconte des sottises, imbécile, ridicule. Parler, raisonner comme une coquecigrue. [Roi des contes de fées] ayant des fous et des coquecigrues pour ministres (J. RICHEPIN, Paradis, 1894, p. 207).Rem. Except., le mot est attesté comme masc. Que lui fallait-il (...) à ce coquecigrue? (L. DAUDET, Médée, 1935, p. 210).— Rare. [En constr. appos. avec valeur d'adj.] Idiot, bizarre, extravagant. Une histoire coquecigrue. [Faire] une réponse très coquecigrue (SAINTE-BEUVE, Caus. lundi, t. 3, 1851-62, p. 6).Prononc. et Orth. :[
]. Ds Ac. 1694-1762, s.v. coquesigrue; ds Ac. 1798-1932, s.v. coquecigrue avec c. Étymol. et Hist. 1532 coques cigrues (RABELAIS, Pantagruel, é 1. V. L. Saulnier, chap. IX bis, 1. 259); 1534 a la venue des coquecigrues c'est-à-dire « jamais » (RABELAIS, Gargantua, éd. R. Calder et M. A. Screech, chap. XLVII). Terme d'orig. obsc. (FEW t. 23, p. 150 b), à rapprocher des formes coquesagüe (E. DESCHAMPS, Œuvres, éd. De Queux de Saint-Hilaire, t. 5, p. 32) et coque-grues (Farce d'un pardonneur, éd. Viollet le Duc, Ancien Théâtre fr., t. 2, p. 59), et prob. formé sur coq1. L'hyp. d'une composition à partir de ce dernier mot et de grue, et peut-être encore de ci-de cigogne (SAIN. Sources t. 1, p. 254; Riegler ds Arch. St. n. Spr., t. 145, p. 263 et ds Die neueren Sprachen, t. 33, p. 225), regroupe des formes qui peuvent être dues à des étymol. pop. ayant donné lieu à des transformations du mot. L'hyp. d'une adaptation du lat. médiév. coccygna représentant le terme de bot. du lat. class. coccygia désignant le fustet ou arbre à perruque (EWFS2) n'est étayée par aucun fait précis. Fréq. abs. littér. : 14. Bbg. SAIN. Sources t. 1 1972 [1925], pp. 80-81; p. 254; t. 3 1972 [1930], p. 534.
coquecigrue [kɔksigʀy] n. f.ÉTYM. 1534, orig. obscure; les éléments coq, grue et p.-ê. cigogne sont vraisemblablement utilisés; pour P. Guiraud, de coque « coquille, objet sans valeur », syn. du lat. ciccum « pellicule de grenade, zeste », d'où « un rien », et finale de l'anc. franç. gruer « attendre », d'où coquecigrues « attente de rien ».❖♦ Vieux.1 Oiseau fantastique, d'invention burlesque. || Un franc viédaze (cit. Gautier) regardant voler les coquecigrues. — ☑ Loc. À la venue des coquecigrues : jamais.1 (Pichrochole) fut avisé par une vieille lourpidon (sorcière) que son royaume lui serait rendu à la venue des coquecigrues.Rabelais, Gargantua, 49, p. 163.♦ ☑ Regarder voler les coquecigrues : se faire des illusions.2 Archaïsme littér. Insanité, chose inventée. ⇒ Baliverne, sornette. || Il invente toutes sortes de coquecigrues.2 (…) la psychanalyse ne quitte pas l'individu, ne recourt pas aux coquecigrues de la psychologie théorique : on s'apercevra vite que le complexe d'Œdipe est aussi répandu que l'amour.Malraux, l'Homme précaire et la Littérature, p. 188.3 Ononix (plante).
Encyclopédie Universelle. 2012.